![[TRIBUNE] La crise du Rif au Maroc: pourquoi le pouvoir se méfie de sa diaspora et de son ingérence dans le débat ? (Ayad Zarouali) [TRIBUNE] La crise du Rif au Maroc: pourquoi le pouvoir se méfie de sa diaspora et de son ingérence dans le débat ? (Ayad Zarouali)](https://www.rifonline.net/photo/art/default/23713297-25881493.jpg?v=1531526133)
Ecrit par Ayad Zarouali pour RifOnline
Le « Hirak du Rif » a réconcilié la diaspora avec leur « pays »..
Ce qui est en jeu dans cet affrontement entre le Makhzen et les « révoltés du Rif », et qui est pas du tout pensé, c’est la domination d'une région spécifique d'émigration internationale et pourvoyeuse d’une rente économique: le transfert.
Ce contexte initial est crucial pour comprendre la violence du Makhzen et la punition des « révoltés du Rif » malgré des doléances légitimes. Dès lors, et comme souligné par Béatrice Hibou, la conduite de l’Etat par l’économique, le contrôle de la rente est aussi un mécanisme d’oppréssion économique et de domination.
Le pouvoir se méfie de sa diaspora : un « nids d’opposants »
On peut dire aujourd’hui, que le procès du ‘’Hirak’’ e.a ‘‘mouvance’’ est aussi une punition de « l’ingérence » de la diaspora à cause de son alliance avec le mouvement populaire et sa médiatisation. Derrière cette accusation du Hirak de « sécession » et de coalition avec l’extérieur se cache en réalité l’ambiguïté des rapports entre la diaspora et le Makhzen. Surtout dans ce contexte de la précarité politique et de retour à l’autoritarisme, la méfiance est devenue une empreinte politique du pouvoir qui voit plutôt dans l’implication de la diaspora et leur alliance avec le Hirak un « nid d’opposants », un nouvel acteur difficilement contrôlable par les pouvoirs publics et capable de mobiliser l’attention au niveau international.
En effet, depuis les éclats des révoltes au Rif, on na observé la montée en puissance de la diaspora dans le débat via un fabuleux « hirak numérique » qui a rendu indéniablement un service précieux de médiatisation. Il surgit une conscience politique, un sentiment fort d’appartenance collective, et une ré-appropriation du débat qui est entrain de définir des formes innovantes de citoyenneté et d’engagement pas du tout pensé par le pouvoir.