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Débat à Paris : Le « Hirak », retour sur un an de mouvement social dans le Rif marocain : essoufflement ou contagion ?

Publié le 5 octobre 2017 à 20:28 Débat à Paris : Le « Hirak », retour sur un an de mouvement social dans le Rif marocain : essoufflement ou contagion ?

image : euromed-france.org

Une conférence sur le « Hirak » du Rif  a été organisée ce mardi 3 octobre par l’institut ’iReMMO Paris en partenariat avec le Reseau Euromed France (REF).
 
Sous thème : « Le Hirak, retour sur un an de mouvement social dans le Rif marocain : essoufflement ou contagion ? », le débat a été animé par le professeur Pierre Vermeren et le rifain Ouadia El Hankouri. La modération a été assurée par  Roland Biache, président du REF.
 
Les présentations et le débat ont mis en lumière les causes historiques de la marginalisation du Rif, la situation socio-économique « désastreuse », les leviers de la revendication populaire et pacifique, les réactions de l’état « le Mekhzen », les incertitudes ainsi que les perspectives d’évolution.
 
La première intervention de Pierre Vermeren a posé le contexte du mouvement social « Hirak » qu’il considère de « grande ampleur » au regard de sa durée.  En effet depuis près d’un an, ce mouvement  aux revendications à la fois politiques et culturelles s’est renforcé. L’intervenant a insisté sur la chronologie et la composante géographique complexe de cette « crise » qu’il juge « multiforme » et « multi facteurs ». Rappelant que le contentieux est historique plus que séculaire (le Rif ayant été intégré à la partie espagnole pendant la colonisation), M. Vermeren a également souligné l’importance de l’aspect social en rapport avec la pauvreté économique dont la région rifaine est en proie (densité de population élevée, plan de modernisation qui n’a bénéficié qu’à Tanger etc). Selon lui, ce mouvement, ainsi que le visage complexe de la répression qu’il connait, s’inscrivent dans la continuité des « révolutions arabes » et des soulèvements qui ont eu lieu en Tunisie (2008), en Kabylie (2005) et chez les Touareg (2012).
 
La deuxième intervention de Ouadia El Hankouri a permis de revenir sur quelques chiffres entourant la réalité de la région rifaine, le chômage dépassant 40% pour les jeunes. L’absence d’universités proches ainsi que les langues parlées dans le Rif, fragilisent la population et l’accès à des droits basiques. M. El Hankouri a rappelé l’importance de la mobilisation de la diaspora rifaine (Pays-Bas, Espagne), en terme de participation à la vie économique de la région. 
 
Le débat a principalement porté sur les peines portées à l’encontre des jeunes militants rifains et la décentralisation des pouvoirs au Maroc.
 
Notes:

IREMMO : Institut d’Etudes et de Recherches Méditerranée et Moyen Orient, 7 rue des Carmes, Paris 75005.
 
Pierre Vermeren : historien, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste du Maghreb et des mondes arabo-berbères. Il a notamment publié Histoire du Maroc depuis l’indépendance (La Découverte, 2006), Le Maroc de Mohammed VI. La transition inachevée (La Découverte, 2011), Maghreb, les origines de la révolution démocratique (Pluriel, 2011), La France en terre d’islam. Empire colonial et religions XIXe-XXe siècles (Belin, 2016).
 
Ouadia El Hankouri, docteur en langues et civilisations étrangères, enseignant vacataire à l’université de Lille 2, membre de la commission administrative de l’Association marocaine des Droits humains ; il est originaire de la région du Rif .

 

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