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Le « Hirak » du Rif en questionnement, un premier ouvrage en français analysant la mouvance de contestation du Rif

Publié le 21 octobre 2020 à 21:30 Le « Hirak » du Rif en questionnement, un premier ouvrage en français analysant la mouvance de contestation du Rif

Abdelhafid Daoudi
 
Le mouvement de contestation du Rif, « Hirak » en langue arabe, est né en 2016 au Nord du Maroc. Cette noble révolte d’un peuple en quête de reconnaissance et d’écoute, demeure néanmoins une lourde préoccupation. Au mieux, le « Hirak » obtient gain de cause. Au pire, il aboutit à des fins tragiques. Entre les deux, le message à transmettre continue de résonner et perdure au-delà. La preuve en est, cet ouvrage : Daoudi, A. (2020). Le « Hirak » du RIF en questionnement Gouvernance de la crise et crise de la gouvernance, Paris : Les Éditions du Panthéon.

En effet, cette crise est une lourde préoccupation qui a créé moult Pixels et a fait couler beaucoup d’encre et de sang. Cet ouvrage corrobore l’analyse qui donne à voir que cette crise sociopolitique est un levier stratégique d’apprentissage organisationnel. Elle favorise le changement et la prévention afin de s’autoréguler et d’éviter les catastrophes futures. De surcroît, elle considère que sa gouvernance est une fonction collective, qui se réalise à travers le développement d’une culture de questionnement à proprement dit.

Après avoir analysé les raisons pour lesquelles le « Hirak » est une mouvance de contestation légitime qui ne fait pas l’unanimité, Abdelhafid DAOUDI tente de saisir la manière dont les réformes politiques et les vents de changement suivent les courants numériques. Il étudie la façon dont la crise du « Hirak » pourrait être gouvernée tout en s’inspirant des diverses expériences, notamment au Canada, aux États-Unis, en France et en Turquie. Il démontre que les crises sont des maux nécessaires qui ont favorisé l’avancement de ces pays. On pourrait même considérer que la contribution visionnaire d’Abdelhafid DAOUDI soit en partie une solution à envisager grâce à l’analyse accordée, à l’étude comparative effectuée et à la réflexion portée sur l’économie sociale. L’enseignant-chercheur fait d’ailleurs appel à Abdelhak ZEGRARI, pour lui donner son retour envers le mouvement des Gilets jaunes et le rôle de la diaspora marocaine pour le bien-être de la région du Rif.

Cet ouvrage, paru le vendredi 06 mars 2020, est le fruit d’une mûre réflexion qui a duré plus de deux ans. Il a été écrit pour tous les francophones qui s’intéressent à la région du Rif et à la gestion des mouvements sociaux au Maroc : les étudiants, les chercheurs, les enseignants… Il est le seul livre en français qui traite ce sujet, il a été rédigé en veillant à simplifier la présentation afin de le rendre compréhensible et fluide, sans perdre de sa richesse scientifique et académique.  Une telle réflexion s’organise autour de ces huit principaux questionnements:

  1. Se questionner sur le « Hirak » du Rif marocain, oui, mais pour quelles raisons ?
  2. Le « Hirak » du Rif marocain est un mouvement légitime, oui, mais pourquoi ?
  3. Le « Hirak » du Rif marocain ne fait pas l’unanimité, oui, mais pourquoi ?
  4. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) favorisent les réformes politiques, oui, mais de quelle manière ?
  5. Les Gilets jaunes ou la fin du contrat ?
  6. Gérer la crise du « Hirak » du Rif marocain, oui, mais comment ?
  7. Perspective : un premier regard vers un modèle de l’économie sociale.
  8. Perspective : un premier regard sur le Rif marocain et sa diaspora.
 

Grâce à l’attention particulière qu’il consacre au « Hirak » par le biais de profonds questionnements, analyse, solutions et de nouvelle approche, ce livre tente de constituer une valeur ajoutée à tout lecteur avisé. Pour lui, « le Rif a dit son « mot social » au monde entier… sans être tombé dans le piège de l’échec psychologique qui rend l’être humain victime de lui-même et le paralyse dans la pathologie de la nostalgie du passé… Toutefois, pas plus qu’un tas de briques ne fait un bâtiment, de même, l’accumulation de ces agréables expériences ne signifie pas nécessairement une capacité cohérente à bâtir un véritable projet rassembleur de société ».

Dans la conclusion, le conférencier international et le représentant de la société civile à l’ONU Abdelhak ZEGRARI souligne aussi qu’ « un an après, les Gilets jaunes battent toujours le pavé chaque samedi, c’est un record. En Algérie, le « Hirak » continue de rassembler plusieurs milliers de manifestants chaque vendredi, depuis février 2019, malgré le durcissement de ton des autorités et la menace de boycott des prochaines élections présidentielles, jugées courues d’avance. Partout dans le monde, des mouvements de contestation sociale voient le jour et semblent surprendre les gouvernants. En Amérique latine, en Europe ou à Hong Kong, ces mouvements violents dénotent un vrai malaise, quelque chose d’inédit dans l’expression de la protestation sociale. Au Chili, la COP25 a dû être « délocalisée » à Madrid ; à Quito, le sommet annuel du Forum mondial sur la migration et le développement, prévu mi-décembre, a été reporté au 20 janvier 2020. Cette turbulence sociale semble être partie pour durer, en l’absence de réponses de fond ».

En somme, cette sérieuse étude aborde le « Hirak » selon une nouvelle démarche : Scholarship of Teaching and Learning (SOTL) qui commence à prendre sa place dans la littérature scientifique de certains pays anglophones, notamment au Canada et en Australie.  Elle reflète la méthode de penser grand et d’agir petit ainsi que souhaiter vivre une succession de « petits matins » plutôt qu’un rêve de « grand soir ». Certes, plusieurs questions intéressantes vous traversent l’esprit lorsque vous vous retrouvez en lecture.

Abdelhafid Daoudi

  • Marocain né dans le Rif, Français, a vécu environ 10 ans en France, Canadien qui habite au Québec depuis 2008.
  • Praticien-chercheur et professeur en enseignement supérieur au Québec.
  • Titulaire d’un 3e cycle en pédagogie de l’enseignement supérieur à l’Université de Sherbrooke, d’un 2e cycle en gestion à l’École nationale d’administration publique, d’un master en génie biomédical à l’Université de Nice et d’une maîtrise de physique à l’Université de Paris-XII. Il a publié divers articles en France, au Québec et en Suisse qui touchent notamment à la gestion de la qualité, l’histoire et l’innovation en enseignement, la sociopolitique de l’éducation, l’impact des TIC sur les réformes politiques …
  • Consultant en matière de la formation, de l’interculturel et de l’espace public à l’Association solidarité et loisirs Rive-Sud et membre de l’Association internationale de pédagogie universitaire. Ainsi que cofondateur et vice-président de l’association Rassemblement pour l’intégration et la fraternité au Canada (RIF Canada), entre 2016 et 2018.
  • Prix d’excellence en enseignement Phénix 2019.
  • Médaille de reconnaissance parmi les 150 citoyens canadiens exceptionnels en 2017.

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