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Le Rif, 32 ans après le soulèvement populaire de 1984

Publié le 19 janvier 2016 à 21:24 Le Rif, 32 ans après le soulèvement populaire de 1984

19 Janvier 1984- 19 janvier 2016, trente deux ans après le soulèvement populaire dans le Rif. Les affrontements entre la population et les forces de l’ordre ont fait officiellement, mais officiellement, état de 14 morts. Les médias et les associations des droits de l’homme parlent de beaucoup plus que ça.

Retour sur ce triste anniversaire avec cet article publié par libération du 21 Janvier 2007 :

Maroc: Nador et les autres, il y a 23 ans de cela Temps : Le 19 janvier 1984. Lieu : Nador. Evénement : un soulèvement populaire, maté par une violence étatique disproportionnée. Résultat : 14 morts officiellement, beaucoup plus selon certains médias et associations des droits humains. Pratiquement 23 ans après, tout le monde s’interroge encore sur la véritable version des faits. Quoi qu’il en soit, plusieurs défenseurs des droits de l’Homme dans la ville continuent de croire, fermement, qu’il faut rétablir la vérité et mettre la lumière sur cet événement historique. D’ailleurs, des recommandations devront être incessamment envoyées à cet effet au Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH).

Le contexte politique du soulèvement de 1984 était très différent. En fait, la sortie des populations en 1984 avait un objectif socio-économique, c’est pour cela d’ailleurs qu’on l’appelle «soulèvement de la faim». Seulement, la succession des faits après le 19 janvier 1984 allait donner au soulèvement initialement social une couleur politique certaine, notamment après le discours Royal du 22 janvier 1984. La genèse du problème nous renseigne que la situation socio-économique du Maroc à cette époque était désastreuse, ce qui a conduit le pays à une catastrophe entraînant, l’arrivée des nouveaux «colonisateurs» : «Le Fonds monétaire international» et «la Banque mondiale». Ceux-ci avaient, bien évidemment, dicté leurs lois draconiennes et avaient fait que des pays comme le Maroc soient alignés sur des programmes meurtriers d’ajustement structurels (PAS). Tout le monde connaît le reste de l’histoire.

Que s’est-il passé ?

Les populations étaient sorties entre-temps dans plusieurs villes marocaines dont Nador. Cette ville reposait son économie sur la contrebande en provenance de Mellilia. Le Maroc allait généraliser une taxe de (100 à 500 dh) sur les entrées à la ville, ce qui devait se répercuter sur les conditions des familles vivant de ce genre de commerce. En plus, des augmentations sur les produits de base (annulées par le discours Royal du 22 janvier) allaient enflammer les marchés. Se sentant lésées et en l’absence d’alternative, les populations se sont insurgées.

En réalité les manifestations ont commencé par des grèves observées à El Hoceima, mais la violence avec laquelle les autorités les ont affrontées, a poussé les établissements de Nador à se solidariser avec leurs voisins. Trois jours durant, les élèves investissent des lycées, mais aussi les rues. (….) tout le monde atteste que certains casseurs se sont mêlés aux manifestants pacifistes causant des pertes matérielles considérables. Les forces de l’ordre ont commencé à tirer sur tout ce qui bouge dans la ville, même des personnes en situation passive. El Telegrama de Mellilia avait, à l’époque, publié le 24 janvier la photo d’un hélicoptère tirant sur des manifestants. Les dégâts, selon un décompte officiel présenté le 25 janvier par le Premier ministre, faisaient état de 7 véhicules privés calcinés et l’endommagement de plus de 20 autres, l’incendie d’un camion des forces de l’ordre et des incendies venant à bout de 11 bâtiments et de six écoles ainsi que d’autres locaux.

Pour ce qui est des victimes de cette violence, il y a lieu de signaler qu’aucune partie, mis à part l’Etat, ne peut prétendre avoir des statistiques fiables. Pourquoi ? D’abord, il n’a pas été possible d’opérer un décompte étant donné la présence de l’armée sur toutes les artères de la ville. Et puis, la majorité des blessés ne prenaient pas le chemin de l’hôpital El Hassani parce qu’une rumeur faisait état des arrestations de citoyens venant subir les soins. Mais l’Etat, à travers le Premier ministre a déclaré que ces événements avaient coûté la vie à 16 personnes et fait 37 blessés dont 5 des membres des forces de l’ordre. Des sources marocaines et étrangères de droits humains affirment pourtant que le fait de l’existence de fosses communes, notamment celle de la caserne militaire de Taouima, prouve que le nombre de morts était beaucoup plus élevé que celui présenté par l’Etat à l’époque.

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