OPINION. Bonjour la méritocratie à la marocaine [contribution de Dr Mohamed Chtatou]
Publié le 10 novembre 2017 à 13:22![OPINION. Bonjour la méritocratie à la marocaine [contribution de Dr Mohamed Chtatou]](https://www.rifonline.net/wp-content/uploads/2021/06/rifonline_default_thumb.png)
Dans un passé récent, le poste de ministre était un sacerdoce qui donna, indéniablement, accés à l’Olympe politique. Ainsi, durant la saison de la formation des gouvernements, les cadres politiques font les yeux doux à leurs chefs de parti pour figurer sur la liste des ministrables, afin d’accéder à un maroquin signe de pouvoir, d’importance et de richesse.
La fonction de ministre n’était pas seulement un sacre d’une carrière politique qui fait l’honneur de l’heureux élu et de sa famille étendue, pour ne pas dire sa tribu, mais, aussi et surtout, une gratification financière vu le salaire, les primes et privilèges divers et surtout une retraite ministre inespérée de 30 000 dirhams pour « ce la couler douce » en fin de carrière.
C’est ainsi que plusieurs prétendants se ruaient à la porte du chef du parti et faisaient des mains et des pieds pour faire partie de la liste des heureux ministrables.
Une année après son declenchement à Alhoceima, à la suite du décès accidentel du poissonnier Mohcine Fikri, happé par le broyeur d’un camion à ordures municipal alors qu’i essayait, désespérement, de recuperer sa marchandise illégale saisit par la police et les services municipaux, le Hirak rifain porte largement ses fruits . L’état a publiquement réprimandé et puni les ministres par qui, apparemment, le scandale est arrivé : trois ministres limogés ainsi que des hauts fonctionnaires et autant d’ex-ministres barrés à vie de la fonction publique . Ils deviennent ainsi des parias politiques et la honte du pays et des leurs.
Cet événement majeur change pour toujours la donne politique, la fonction de ministre est desormais une lourde responsabilité et non une gratification partisane. Dorénanvant, les partis politiques devraient choisir minitieusement leurs candidats ministrables, pour peur d’être trainer dans la boue sur la place publique et se retrouver dans des mauvais draps vis à vis de l’establishment, comme c’est le cas criard du PPS et son chef Nabil ben Abdellah et ses membres ministres du gouvernement Al Othmani, qui se retrouvent sur la touche avec la mention « ministres recalés pour cause d’inéfficacité ».
Certainement les ministres qui ont echappé à la loupe de « l’Inquisiteur général » Driss Jettou sont en train de passer un mauvais quart d’heure et de mauvais jours à revoir leurs projets, en catastrophe, de peur de se retrouver, dans un avenir proche, au chômage.
Comme les étudiants, les lycéens et les collégiens, les ministres et les hauts fonctionnaires doivent sentir, ces jours-ci, l’épée de Damoclès au dessus de leurs têtes : le contrôle surprise peut tomber à n’importe quel moment, mieux vaut être prêt pour le pire, armé de dossiers nécessaires et de connaissances salvatrices.
Hier, les ministres et hauts commis de l’état « ce la coulaient douce » : délégations de dossiers de projets aux subalternes ou bien aux autres offices de l’état, inaugurations pompeuses au Maroc, voyages à l’étranger pour faire juste acte de figuration et recevoir des per diems faramineux, primes généreuses et trés peu de travail sérieux et substantiel.
Un ministre c’était surtout des costards Yves Saint Laurent, des chemises Lacoste, des chaussures anglaises, hors prix, et des parfums Burberry. Après le « seisme politique » de ces derniers jours, les habitudes des ministres vont changer intégralement. Comme les apprenants scolaires et universitaires, ils doivent impérativement faire leur homework quotidien et connaitre leurs dossiers sur les bouts des doigts, de peur de perdre leur emploi et se faire stigmatiser sur la place publique par le qualificatif dégradant : kassoul (wazir kassoul), ministre paresseux, flemmard et bon à rien.
Le souverain a donné le coup d’envoi de la comptabilité politique, figurant en lettres d’or dans la constitution de 2011 : Article 1, Alinéa 2. La mue politique est en voie, at long last, espérons le vers un état de droit, tant souhaité par le petit peuple.
Tout le monde a chaudement acclamé l’initiative royale, sans précédent dans les annales politiques du pays, à commencer par les détenus politiques du Hirak poirautant dans les geôles d’Oukacha à Casablanca et pour qui tout le monde espère, de ses voeux, une grâce royale, bientôt, pour une reconciliation nationale thant attendue, pour aller de l’avant dans le développement du pays tant sur le plan politique qu’économique.
Ceci dit, l’espoir national primordial reste sans aucun doute l’application continue et non circonstancielle de l’article constitutionnel sur la corrélation entre la responsabilité politique et administrative et la rectitude financière des comptes :
« Article premier
Le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale.
Le régime constitutionnel du Royaume est fondé sur la séparation, l’équilibre et la collaboration des pouvoirs, ainsi que sur la démocratie citoyenne et participative, et les principes de bonne gouvernance et de la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes.
La nation s’appuie dans sa vie collective sur des constantes fédératrices, en l’occurrence la religion musulmane modérée, l’unité nationale aux affluents multiples, la monarchie constitutionnelle et le choix démocratique.
L’organisation territoriale du Royaume est décentralisée, fondée sur une régionalisation avancée. »Constitution 2011
En realité, il y a dans l’establishment des gens serieux et responsables, mais malheureusement ils sont une minorité fragilisée par les clans des ripoux qui les voient d’un mauvais oeil et, pire, ils les poussent par tous les moyens, en leur possesssion, à prendre le large.
Si l’audit est poussé à fond, sûrement beaucoup de têtes de big cheeses vont tomber, par consequence. Au début, cela créera un vide dans l’appareil étatique, mais ce mouvement et action de tabula rasa sera bénéfique pour le Maroc, tant sur le plan interne que sur le plan externe et ouvrira la porte grande pour de nouveaux éléments responsables et propres qui prendreont la destinée du pays entre leurs mains et libéreront le pays de la corruption et l’irresponsabilité des officiels honni.
L’audit tout seul ne pourra, en aucun cas, resoudre les dysfonctions multiples de l’état marocain, il faut penser sérieusement à traduire les coupables devant la justice pour qu’ils puissent répondre de leurs actes et en faire des exemples dissuasifs pour l’avenir.
Au point ou le Maroc en est, une opération « mains propres » ne pourra que booster son image sur le plan international et rétablir la confiance interne ébrechée, depuis belle lurette, par l’irresponsabilité des officiels et des politiques et leur manque de probité, chose qui se traduit par l’abstention massive des électeurs marocains aux éléctions à tous les niveaux. Une opération de ce genre redorera, indéniablement, le blason de l’état.
Ainsi, il est impératif d’instituer la tradition anglo-saxonne de job description, un document officielqui définit la nature, les objectifs et les résultats escomptés ainsi que les moyens d’évaluation internes et externes du travail de tout administrateur et qui lui est remis à sa prise de fonction. L’administrateur sera audité, ainsi, durant la période de sa mission et à la fin de son mandat tant sur la plan financier que sur le plan de réalisations des objectifs et d’approche.
Mot de fin
Il est grand temps que le Maroc, aspirant à la démocratie et au dévelopement, se mette à l’heure universelle en ce qui concerne l’efficacité, l’efficience, et la responsabilité des commis de l’Etat. Ces hommes et femmes doivent mettre en avant la rectitude et la probité et restreindre le profit personnel et l’amour propre, pour pousser le Maroc de l’avant et contribuer au bien-être de son peuple.
Les postes de commis de l’Etat doivent aller aux gens propres et droits et non aux « flemmards » et aux « ripoux », pour le grand bien du pays : bonjour la méritocracie, espérons le pour de bon cette fois-ci.
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