OPINION. Hirak du Rif en Europe : N’est-il pas temps de procéder autrement ?
Publié le 23 septembre 2017 à 23:09
Loin des manifestations dans les rues et des LIVE sur Facebook, Rifonline.net lance un espace de débat apaisé, de réflexion, d’échange et de proposions à toutes les potentialités rifaines pour accompagner le Hirak du Rif et mener à bien ses revendications, tout en respectant les institutions du Pays.
« Hirak du Rif en Europe : N’est-il pas temps de procéder autrement ? » est le titre de cet article que Mohamed El Morabit nous propose.
Bonne lecture :
Les actions menées par les Rifains en Europe pour soutenir leurs frères dans le Rif ont été nombreuses et ont pris différentes formes. Sans aucun doute, les militants et tous les participants à ces formes de lutte ont montré leur attachement à la justice et au respect des droits fondamentaux dont le Rifain ou le Marocain accusent l’absence dans le « plus beau pays du monde ». Cet engagement et cette sincère solidarité avaient comme objectif de faire pression sur l’état marocain à revoir son approche choisie pour mettre un terme aux cris et appels du peuple rifain à établir une certaine justice sur sa propre terre. Or la triste réalité qui nous fait très mal est celle d’un état sourd à ces francs appels, un état qui est déterminé à continuer sur sa mauvaise voie, celle de l’insouciance au début et celle de la sordide vengeance du moment. L’état vise à abattre le moral des jeunes qui ont osé démasquer et mis à nu le makhzen qui n’a eu de cesse de se vanter devant les pays occidentaux de son modèle exceptionnel…
L’interrogation qui s’invite est celle du bilan de ces actions dans la diaspora : l’objectif devient une chimère si on continue à agir comme on l’a fait jusqu’à présent (plus les actions se multiplient, plus la rage makhzaniene s’intensifie). En m’exprimant ainsi, je ne désavoue d’aucune manière les militants qui ont montré leur fidélité à la cause juste. Seulement, ayant livré tout ce qu’elle a pu, touchant ainsi à ses limites, cette façon de militer, à mon humble avis, est dépassable. Pour aller loin dans ce combat, il faudrait procéder autrement, et un tournant décisif devrait être opéré.
N’est-il pas temps d’une structure rassemblant les Rifains diasporiques qui fasse effectivement pression et qui ait une considération devant les instances internationales au lieu d’émettre des appels qui ne valent pas plus qu’un prêche dans le désert ? La mise en place d’une assemblée autour de laquelle vont s’agréger les Rifains et Marocains de la diaspora ne serait-elle pas une solution à l’impasse qui caractérise la situation actuelle ? Un front diasporique, qui mette fin aux échecs que connaissent différentes initiatives et actions que mènent çà et là des individus, ne serait-il pas possible ?
Ces formes d’organisation vont être un instrument de lutte contre les exactions politiques de l’état marocain. Elles doivent adopter un discours qui s’articule autour de la libération inconditionnelle des militants et la satisfaction des revendications pour lesquelles ces derniers sont privés de leur liberté. Au lieu de s’injurier, tout le monde doit fournir davantage d’efforts en gardant de côté leur petite individualité. Le tirage de couverture à soi, pour les militants, dans ce contexte est à bannir. L’accusation hâtive et sans fondement est une trahison au Hirak. La tentation narcissique est une conduite destructrice de tout élan salvateur, donc à pointer du doigt. Ce sont des comportements qui donnent lieu à un spectacle affligeant mais très ravissant pour les ennemis du peuple et ses alliés aliénés.
L’apaisement dans la diaspora est salutaire; c’est une exigence pour le bien de tous. Et si les Rifains et les Marocains diasporiques s’accordent sur un front qui les rassemble sans exception, ce sera une clé pour que la voix dénonçant les dérives de l’état marocain soit admise auprès des instances ayant pouvoir de dissuader le makhzen de passer à la solution finale après avoir avili le Rifain. Ce front aura à cœur de réaliser des pas fermes pour l’intérêt de tout le Maroc. Une telle réflexion provient du constat que les militants n’ont réussi, pour le moment, qu’à réunir un désordre de mécontentements. Or ce qu’il faudrait pour exercer une vraie pression, ce n’est pas seulement faire descendre les gens dans la rue, mais œuvrer dans une entente rifo-marocaine à imaginer des solutions nouvelles et des réponses pertinentes. Établir des convergences entres les militants d’obédiences diverses et mêmes opposées pour coordonner les actions mettra fin à ce climat de panier de crabes et enclenchera une nouvelle phase de lutte pour le respect des droits élémentaires des Rifains et des Marocains.
Avec cette conciliation, le petit nombre qui s’agite ou qui délaisse la réalité, en faisant un mauvais procès des personnes intègres ou en multipliant des formules vides qui soulèvent le cœur du peuple, comprendra que son influence ne peut avoir d’effet que dans le bocal où il est enfermé. Seule cette entente permettrait de faire plier le makhzen qui ne déploie sa musculature que parce que le peuple est désuni.
Hors la réalisation de l’unité, point de salut ! Que le discours donc soit rassembleur et fédérateur, non désassembleur et atomiseur.
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