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OPINION. L’éclipse des intellectuels rifains (Par El Morabit Mohamed)

Publié le 9 septembre 2017 à 10:25 OPINION. L’éclipse des intellectuels rifains (Par  El Morabit Mohamed)

Sans parler de dévoiement qu’a connu le terme « intellectuel », on peut admettre qu’il s’agit d’une personne ayant un prestige et une influence politique. L’on se pose la question de l’existence des intellectuels appartenant au Rif. Si ceux-ci existent-ils vraiment, qu’ont-ils apporté à ce dernier ? Ont-ils, ces intellectuels, des perspectives qui éclairent leurs objectifs ? Se mêlent-ils de la chose publique ? Portent-ils légitimement cette appellation d’intellectuels sans un engagement au côté du peuple ?

Certes, le Rif se dote des personnes qui puisent dans différentes idéologies mais toutes pareilles dans le sens où ce qui est essentiel trouve peu ou pas de crédit chez ces personnes. Autrement-dit, ces intellectuels, malgré leurs différences, s’accordent sur l’appui dont ils gratifient le pouvoir tout en prétendant être ceux qui le combattent. En acceptant les règles du jeu du makhzen, ils s’y approchent pour le renforcer et se dresser contre toute volonté du peuple à avoir droit au chapitre. Dans les meilleurs des cas, ces soi-disant  intellectuels, au lieu de se rallier à leurs frères sur le terrain, préfèrent un mutisme de lâches et ne profèrent mot que quand les choses ne vont pas bien, histoire de se faire remarquer qu’ils avaient raison de se terrer.

Certains de ces intellectuels  deviennent pathétiques en prétendant défendre des valeurs universelles et s’opposer aux questions claniques et tribales  comme si défendre ces mêmes valeurs dans le Rif, leur patrie, était un reniement. Ne se rendent-ils pas compte que le moment est grave et que chacun doit assumer sa responsabilité devant ses frères et devant l’histoire ? Est-ce que la cause rifaine n’est pas une cause juste ? Ne sont-ils pas convaincus de la justesse de cette cause ? Qu’attendent-ils pour assister les masses populaires ?

Il paraît qu’un abîme sépare ce groupe d’élite des Rifains qui les entourent. Ce groupe ou ces individualités manquent de courage pour s’interroger sur l’existence de ce fossé qui les éloigne du peuple. Cet éloignement n’est pas le désir de ce dernier, mais le résultat du regard hautain que ces intellectuels ont sur les gens d’en-bas.  Aucune empathie avec ces derniers. Leur arrogance est une insulte que le peuple ne peut tolérer.

Au lieu de mener une réflexion sur les évènements en commençant par se remettre en question, ces personnes s’entêtent dans leur mutisme tant qu’elles ne voient pas de brèche pour s’y engouffrer et laisser libre cours à leur haine contre ceux qui se mobilisent sur le terrain. Incapables de proposer des voies à suivre, des conseils pouvant aider les autres à voir clair, ils se contentent, comme des khâgneux découvrant des idées, d’envoyer, de brandir et de renvoyer aux concepts dont le contexte ne permet pas d’en débattre. Comment peut-on attendre de quelqu’un de vous tendre l’oreille et vous suivre alors qu’il est victime de votre mépris ?

La responsabilité de cette froideur incombe donc à ces personnes qui, vu leur attitude expliquée précédemment, ne peuvent créer une autorité charismatique qui assemble et unie les masses populaires.

La sagesse enseigne qu’il faut s’adapter à ce qu’on ne peut empêcher. Les intellectuels n’ont pas le choix devant les hommes détenteurs des pouvoirs politique et économique, et le peuple. Ils doivent s’adapter aux masses populaires (Le peuple a toujours raison, c’est la réalité indéniable. Le nombre est roi, il doit faire loi) et canaliser leur énergie leur permettant d’éluder les erreurs qui pourraient provenir des lectures erronées de la situation. Rester silencieux, c’est soutenir les puissants. La seule issue, c’est de s’engager en faveur des opprimés et de maintenir toujours une distance par rapport au pouvoir. Il faut, si on est intellectuel, porter la parole et dire la vérité aux responsables du piétinement du peuple. L’intellectuel doit se positionner par rapport à une politique prônée par le pouvoir, former l’opinion en analysant, produisant des connaissances et animant le débat public. Dans ce sens, il est esprit libre et n’est inféodé à aucun parti.

Peut-on parler de la trahison des intellectuels rifains ? Je n’en sais point… En tout cas, sachez que le Rif sera abattu par vous qui regardez, sans agir, ceux qui lui font mal. Votre suffisance devient proverbiale. Agissez avant qu’il ne soit trop tard. L’urgence commande qu’on procède autrement : agir. L’action, seuls l’action et le mouvement collectif, non pas la méditation, peuvent nous tirer du bourbier. Chacun doit assumer le destin collectif et s’engager dans cette résistance, car il s’agit du seul acte de liberté possible quand on a comme ennemi un dragon aux milles tentacules.

  El Morabit Mohamed, Liège, Belgique

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