OPINION. Rif, qu’as-tu fait de ton habitat? (Anass ASSANOUSSI)
Publié le 19 septembre 2017 à 11:04
Les années passent, et les paysages de notre cher et beau Rif sont de plus en plus sérieusement menacées non pas par le Makhzen uniquement, mais par certains Rifains eux-mêmes.
En effet, il ne s’agit pas ici d’évoquer les turpitudes de l’État marocain connues de tous, mais également de l’égoïsme, du manque de civisme, de la carence du sentiment citoyen présent chez hélas bon nombre de Rifains.
L’exode rural, la hausse de la population dans le Rif ont pour conséquences inévatibales la hausse des constructions. Il est légitime pour tout citoyen vivant dans son pays de vouloir construire sa propre maison. Par contre, force est de constater que les paysages du Rif s’enlaidissent à vue d’oeil avec une vitesse fulgurante, de façon souvent anarchique, faisant la part belle au béton et aux briques, délaissant les maisons traditionelles rifaines qui ornaient délicatement la terre de nos ancêtres.
Les personnes faisant construire leurs maisons, ne font pas vraiment attention aux matériaux utilisés, de même que les permis de construire, ou les règles d’urbanisme varient en fonction des écus sonnants et trébuchants versés dans les mains d’ingénieurs, de fonctionnaires, parfois hélas peu scrupuleux. Sauf que c’est le Rif qui en pâti. Et lorsque l’on interroge certains habitants, Rifains, ces derniers n’en ont cure, se moquent éperdument des conséquences, du moment que leur but est atteint, avoir sa maison, si possible plus grande, plus haute; souvent plus laide; que son voisin.
Encore une fois, il ne s’agit pas ici d’incriminer le fait de vouloir posséder sa propre maison, rêve commun à toutes les classes moyennes du monde, mais il s’agit ici de pointer du doigt ceux qui pensent que cela doit être fait quel qu’en soit le prix. Prix du mètre carré en moyenne qui est anormalement élevé au Rif par rapport au reste du Maroc, notons-le au passage.
L’histoire du Rif est menacée par le Makhzen malfaisant, mais également par le désintérêt de la plupart des Rifains à son égard, de même que son architecture, son habitat menace de disparaître, par la course folle à travers des constructions anarchiques, peu harmonieuses, peu regardante quant à la préservation de l’environnement.
Si les Rifains n’en prennent pas conscience au plus vite, lorsque les quelques vestiges de belles maisons anciennes seront complètement engloutis par le ciment, le béton, symboles de la modernité, alors il ne nous restera plus que nos yeux pour pleurer.
L’on dit que l’on se rend compte à quelle point une chose, uniquement lorsqu’elle n’est plus là pour la contempler.
Manis ika rabni nzmane
Iyadjith thazra ra igarwane
Manis kin ramrah dikhamen njdoud negh
Iyadjith thoubouryi thna9anar
Ma3lik ra yafar al mandar iwayi 9imane
Ataf tirane dayssan ihamouchane
Macha yidha kourijane itfakara gikhfaness
Atharass itou Arrif ness
Anass ASSANOUSSI
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